JANV. 2023
Les capacités militaires souveraines souhaitées par la future LPM dépendront de la performance industrielle de la BITD navale.
Celle-ci ne peut être garantie sans sanctuarisation du déroulement des programmes navals majeurs comme ceux relatifs à la dissuasion nucléaire et au groupe aéronaval autour d’un PA de nouvelle génération. Ils constituent un levier structurant de la chaîne de valeur et garantissent la pérennité du tissu français de PME industrielles.
Relever les défis capacitaires de demain et préserver la supériorité opérationnelle face aux nouvelles menaces, nécessitent d’investir dans la R&D à hauteur de 10% du financement des études amont (PTD). Cet investissement R&D permettra de favoriser les développements technologiques nécessaires, dont certains axes importants sont illustrés ci-dessous.
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La démarche Incrémentale tout au long du cycle de vie et l’approche système
Le secteur naval est mûr pour mettre en place cette démarche, non seulement pour les programmes futurs mais aussi tout au long du cycle de vie en conjuguant prise en compte de nouveaux concepts opérationnels et expérimentations techniques en boucle courte et en visant chaque fois que possible la réalisation de MVP (Minimum Viable Product).
Le principe des rénovations à mi-vie doit être abandonné au profil d’une évolution continue favorisée par les apports progressifs de la numérisation des moyens embarqués. Les feuilles de route doivent être repensées avec l’introduction régulière d’incréments capacitaires. Le futur programme à effet majeur « EVOL frégates » pourrait jouer ce rôle.
Une reconquête de l’approche système pour le secteur naval est jugée pertinente, à l’exemple du programme SCORPION. A l’heure des enjeux « multi-champs multi milieux », cette orientation programmatique permettra de synchroniser les différents incréments R&D, développement, production et d’améliorer la continuité entre le neuvage et le suivi en service.
Une feuille de route centrée autour du Groupe Aéronaval du futur (intégrant le PANG, le SCAF, le combat cloud et la connectivité associée) pourrait fédérer la démarche programmatique et favoriser la bonne intégration en système interarmées.
La dronisation navale d’envergure.
Il s’agit de ne pas prendre de retard dans ce tournant capacitaire majeur avec une démultiplication de l’effet militaire depuis les navires habités vers les drones navals, qu’ils soient autonomes ou téléopérés.
Cela conduit à financer sans retard le développement des technologies nécessaires à l’autonomie décisionnelle, à la production d’énergie, à l’utilisation de capteurs efficaces, aux échanges de données, et à l’intégration de ces systèmes dans les forces.
Sans attendre la production de concepts d’emploi, qui seront plus longs à établir du fait des conséquences opérationnelles de rupture, il s’agit d’injecter rapidement des développements de drones navals de surface, aériens et sous-marins, comme des POC, sur des navires en service et ceux en essais.
Cela ne sera possible qu’à condition de renforcer le dialogue avec les industriels concernés, de procéder en commun à une analyse de la valeur et de fédérer le tissu national grâce à ces projets concrets et incrémentaux.
Un combat collaboratif indispensable pour l’engagement de haute-intensité.
L’évolution des menaces, dont celles hypervéloces, et l’interopérabilité « multi-champs multi-milieux » conduisent les forces navales à devoir se doter de systèmes collaboratifs de surveillance et d’engagement associés à une connectivité renforcée, des effecteurs pour la haute-intensité, et à des moyens de simulation à fin d’entraînement adaptés, le tout cyber résilient.
Il faut donc planifier la trajectoire programmatique au plus tôt pour aller au-delà de la phase d’expérimentation initiale.
Ce projet majeur doit prendre en compte toutes les exigences technologiques, d’architecture, de numérisation, d’intégration, d’expérimentations, de résilience, d’utilisation en exercices et associer les grands partenaires industriels concernés pour établir une feuille de route commune en plateau.